84e Congrès de l’ACFAS

PAR DENISE PILON (AQDR MONTRÉAL-NORD),
REPRÉSENTANTE DE L’AQDR NATIONALE AU 84e CONGRÈS DE L’ACFAS

En mai dernier, se tenait à l’UQAM le 84e congrès de l’ACFAS « Association francophone pour le savoir ». Plus de 6000 congressistes, 228 colloques, 4000 communications scientifiques, tous au rendez-vous ! Certes, un tel congrès s’adressait d’abord aux différentes générations de chercheurs, mais on avait aussi adressé une invitation au grand public qui prise les transferts de connaissances, les activités gratuites, les expositions, les conférences, etc. En sous-texte, les membres-organisateurs de ce congrès désiraient que le public fasse partie intégrante de l’événement, car faire de la recherche dans son coin, en circuit fermé, n’aide aucunement les chercheurs à communiquer leurs messages sur les enjeux quotidiens.

Et l’AQDR dans tout cela ?

Sur un total de 228 colloques, comme toujours, quelques-uns seulement étaient en lien avec le vieillissement. Dans ce cadre, j’ai privilégié deux colloques, étalés sur 3 jours, l’un portant sur les chutes des aînés alors que l’autre traitait des municipalités amies des aînés au Québec — MADA.

Colloque 110 — Mobilité et vieillissement cognitif : la marche comme outil diagnostique.

Ce colloque revêtait presque exclusivement des préoccupations scientifiques et des synthèses résultant du travail des chercheurs, résultats ici trop pointus pour accrocher les simples auditeurs et lecteurs que nous sommes. Grosso modo, il aura été question de la relation marche-cognition, des fractures post-chute et de la façon de récupérer l’équilibre. Il aura aussi été question d’interventions pour prévenir la fragilité chez la personne âgée, de la capacité cardiorespiratoire chez les femmes sédentaires, associée à leur force musculaire. J’ai particulièrement apprécié le nouveau traitement qui se donne au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, le traitement « parechoc » qui consiste à réduire à la fois la peur de tomber et la prévention des chutes. J’aimerais aussi souligner le déclin cognitif qui entraîne des troubles de la marche et qui peut prédire la venue d’une démence. Cette association doit être considérée de haut niveau pour permettre aux chercheurs de développer des outils préventifs. Voilà un résumé de ce colloque portant sur les performances de la marche et les programmes élaborés en vue de la prévention.

Colloque 614 – Les municipalités amies des aînés au Québec — au carrefour de la pratique et de la recherche.

Au Québec, pour répondre au défi du vieillissement, les MADA s’inscrivent dans l’urgence d’agir. Il faut voir qu’il y a présentement ici 811 communautés, 280 municipalités concernées, et au total, 33 pays engagés dans ce programme. C’est imposant. Mais encore, les responsables de ce colloque, Suzanne Garon et Mario Paris, de l’Université de Sherbrooke, vont de l’avant et visent en continu le développement des expertises et l’innovation. Pendant ces 2 jours de colloque, il aura été question de renforcer les dialogues, de réfléchir aux enjeux actuels et de dynamiser les initiatives MADA. Un nombre impressionnant d’acteurs, de chercheurs, d’intervenants et de représentants du Ministère de la Famille nous ont entretenus des résultats des dernières recherches et de certains projets. J’ai découvert de magnifiques recherches qui mettaient en exergue la prévention du suicide chez les aînés, les anomalies des services municipaux aux personnes aînées des communautés culturelles, la promotion de la santé, l’importance des conditions d’existence versus la prévention et le vieillissement. Mais, parmi tous les thèmes, j’ai retenu la question des habitations pour aînés et des difficultés à les mettre en place dans les milieux ruraux. J’ai été particulièrement impressionnée par ce merveilleux projet coup de cœur qu’est le « Portrait des aînés en HLM et OBNL d’habitation sur le territoire du Lac-des-Deux-Montagnes : mieux les connaître afin d’adapter des pistes d’actions à leurs besoins ».

En résumé, depuis 8 ans, il y a eu une entente de coopération entre les partenaires de la santé des services sociaux et 345 locataires d’HLM et d’OBNL d’habitation regroupant 17 immeubles. Il s’agissait de réaliser, avec questionnaire, le portrait de ces locataires et d’explorer les éléments liés à l’alimentation, l’activité physique, leur implication sociale et leurs problèmes de santé… Finalement, ce portrait aura permis d’ajuster le panier de services et d’offrir des activités appropriées. Sans ce projet, les résidents vivant en situation précaire, ignorant même leurs besoins fondamentaux (état de santé, malnutrition, sédentarité et isolement), n’auraient pas eu d’accompagnement et encore moins de qualité de vie. Inscrit dans la démarche « Vieillir actif et en santé », à mon avis ce projet devrait servir de modèle à l’ensemble du Québec.

Voilà en bref, les grandes lignes de ces deux colloques. Il nous reste à rêver que les territoires du Québec soient bien adaptés à la population vieillissante et qu’ils soient en mesure d’offrir des logements décents et sécuritaires pour tous, c’est un minimum.

AQDR
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