Un réseau « en marge » du système réclamé

(Québec) Devant les listes d’attente qui s’allongent et les besoins qui explosent, l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) réclame la création d’un réseau de première ligne basé sur les soins à domicile « en marge » du système.

L’AQDR demande au gouvernement Legault de financer et de mettre sur pied une sorte de réseau parallèle au système de santé actuel qui serait destiné spécifiquement à répondre aux besoins en matière de soutien à domicile. Selon l’association, Québec ne doit lésiner sur aucun moyen pour donner un coup de barre et réduire le nombre de Québécois en attente d’un service de soutien à domicile.

« Je ne ferme la porte à aucune solution », lance le président de l’AQDR, Pierre Lynch. « À un moment donné, si on laisse la machine en place régler ce problème-là, ça va prendre trois ans, sinon plus. […] Il faut vérifier quels sont les services adéquats, les fournisseurs externes qu’on pourrait utiliser pendant une période de temps pour accélérer le processus », poursuit-il.

Ce qui implique de faire une place au secteur privé.

Oui pour le privé, mais il faut que ce soit contrôlé par le public.

Pierre Lynch, président de l’AQDR

La Presse rapportait jeudi que les listes pour avoir accès aux services de soutien à domicile continuent de s’allonger au Québec malgré des investissements notables du gouvernement Legault. Le nombre de Québécois en attente a augmenté de 10 % en 2021-2022 par rapport à l’année précédente. Cette proportion atteint 20 % pour les personnes qui patientent depuis plus de 90 jours.Lisez « Les listes d’attente s’allongent »

Dans son mémoire prébudgétaire présenté au ministre des Finances, Eric Girard, l’AQDR propose que le ministère des Finances « travaille conjointement » avec le ministère de la Santé et des Services sociaux pour allouer « des ressources financières immédiatement dédiées à la construction d’un véritable réseau de soins à domicile. » L’AQDR ne chiffre pas ses demandes, mais souhaite que Québec rattrape les pays de l’OCDE.

Selon Alain Dubuc, chercheur de l’Institut du Québec, le gouvernement devrait investir au moins 1,8 milliard de plus par année pour rattraper les pays de l’OCDE, qui consacrent en moyenne 1,7 % de leur produit intérieur brut aux soins à domicile. Au Québec, la proportion atteint environ 1,3 %.

Un « panier universel de services »

L’AQDR estime que mettre sur pied un réseau parallèle à celui de la santé et des services sociaux permettrait d’offrir « un panier universel de services » pour les milieux ruraux et urbains. « Il faut qu’on s’assure que ce qui est offert à Québec et Montréal l’est aussi ailleurs », souligne M. Lynch. Dans son rapport annuel d’activités 2020-2021, la protectrice du citoyen, Marie Rinfret, montrait en effet du doigt « d’importantes disparités régionales » dans l’offre de services.

Le gouvernement Legault assure qu’il aura investi 2 milliards de dollars « supplémentaires » d’ici la fin de son premier mandat. Québec doit aussi mandater sous peu la commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, pour revoir le modèle des soins à domicile.

Source : lapresse.ca FANNY LÉVESQUE

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