Québec — Santé Québec aura fort à faire pour séduire les Québécois. Le niveau de confiance de la population envers le réseau de la santé n’obtient pas la note de passage, pas plus que l’évaluation de la compétence des dirigeants, selon un sondage de la société d’État.
Santé Québec a mené un premier coup de sonde pour « mesurer la perception du public et comprendre les attentes de la population » pour « orienter » ses actions et « adapter [ses] messages et [ses] plans de communications », peut-on lire dans un document transmis à La Presse par la société d’État.
L’exercice sera mené mensuellement pour mesurer les progrès réalisés pour « bâtir la confiance » des Québécois et améliorer l’accès au système de santé, identifié sans surprise comme la principale lacune. Mesurer la confiance de la population envers le réseau public avait été ciblée comme une priorité de la PDG, Geneviève Biron, à son arrivée aux commandes en mai dernier.
Santé Québec veut aussi « évaluer l’impact de [ses] actions de communication autrement que par la revue de presse quotidienne ». Depuis des semaines, la société d’État fait la manchette pour le régime minceur imposé au réseau de la santé et des services sociaux pour éliminer 1,5 milliard de déficit des établissements.
« Un point de départ »
Le sondage SOM mené auprès de 1600 répondants du 21 au 28 janvier* révèle que le niveau de confiance des Québécois envers le réseau est faible, avec une note moyenne de 5,6 sur 10. L’appréciation globale de la qualité des services est un peu mieux, avec une performance de 5,9 sur 10. Pour ces indicateurs, le sondeur demandait aux répondants d’attribuer une note de 1 à 10. De 0 à 6, le résultat est considéré comme faible.
« Ce n’est pas une surprise, on voit ça comme un point de départ », concède le directeur des relations médias de Santé Québec, Yann Langlais-Plante.
« On est dans un contexte particulier, le contexte budgétaire est très présent dans l’actualité, les gens se posent des questions. On sort d’une pandémie, il y a une certaine fatigue informationnelle en santé. Il y a plein d’éléments qui peuvent contribuer à un résultat comme celui-là. »
— Yann Langlais-Plante, directeur des relations médias de Santé Québec
Santé Québec a poussé le questionnaire un peu plus loin en demandant aux répondants pourquoi ils ne font pas confiance au réseau. Cette réponse était « ouverte ». Selon la compilation du sondeur, 16,5 % des répondants expliquent leur réponse par une attente trop longue pour recevoir des soins, tandis que 15,6 % ont montré du doigt les difficultés d’accès au réseau. Ces deux raisons figurent en tête de liste.
Par ailleurs, la nouvelle société d’État devrait consacrer ses efforts des deux prochaines années à améliorer l’accès, à assurer la qualité des soins et des services et à réduire la bureaucratie, selon le sondage. Ces résultats guideront Santé Québec dans la confection de son premier plan stratégique, qui doit être déposé en mars, a précisé M. Langlais-Plante.
Des « piliers de la confiance » ébranlés
Les répondants ont également été invités à attribuer une note de 1 à 10 pour 14 « piliers de la confiance » du réseau de la santé comme l’accès, le traitement équitable et la confiance envers les intervenants. Encore là, le tableau est difficile. L’ensemble des notes obtenues sont en deçà de 6 (faible), mis à part le respect de la vie privée (7,6) et l’empathie et la bienveillance [des travailleurs] (6,4).
Ces résultats témoignent de l’ampleur de la tâche qui attend Santé Québec. Par exemple, les répondants décernent 5 sur 10 à la « compétence des dirigeants » et 4,8 sur 10 à la « possibilité d’amélioration future ». Une note de 4,4 est donnée à un « accès rapide » et de 4,8 à un « accès facile ». Au surplus, le réseau ne répond pas aux attentes de la population (4,8 sur 10).
« On est en bas de la pente et on voit le dénivelé. Ça donne une meilleure idée de ce qui est devant nous. C’est un portrait de la réalité. »
— Yann Langlais-Plante, directeur des relations médias de Santé Québec
Par ailleurs, le coup de sonde révèle que 31 % des répondants estiment que les services de santé se sont détériorés dans la dernière année. Seulement 22 % voient une amélioration tandis que 41 % sont d’avis que l’état des services demeure inchangé, selon les données partagées par Santé Québec.
La société d’État, malgré sa création récente, est aussi plutôt connue des Québécois alors que 65 % ont répondu avoir lu, vu ou entendu parler de Santé Québec dans les trois derniers mois.
Selon le Système électronique d’appel d’offres du gouvernement du Québec (SEAO), ce premier sondage confié à la firme SOM a coûté 52 800 $ à Santé Québec. Ce contrat a été attribué à la suite d’un appel d’offres sur invitation. Les sondages mensuels que veut mener la société d’État seront d’une envergure moindre, a précisé Santé Québec.
* La marge d’erreur maximale dans l’estimation d’une proportion pour un échantillon aléatoire de 1646 répondants est de ±2,9 % à un niveau de confiance de 95 %, selon la firme SOM. Le sondage a été fait auprès d’internautes recrutés aléatoirement dans le cadre des sondages téléphoniques de la firme.
SOURCE : Un premier bulletin difficile pour Santé Québec – La Presse+