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Gabriel* approche de la retraite à 60 ans, mais sans régime de retraite lié à son emploi.
Gabriel*, 58 ans, prépare sa retraite du travail rémunéré dans deux ans. D’ici là, il est en préretraite avec un horaire de travail et un revenu d’emploi réduit à 50 000 $ par an. Ce qui lui permet de maintenir son budget de train de vie d’environ 35 000 $ par an, ainsi que d’une capacité d’épargne dans ses comptes enregistrés REER et CELI.
La situation
Gabriel approche de la retraite à 60 ans sans régime de retraite lié à son emploi, mais avec un peu plus de 800 000 $ en actifs financiers qui sont contenus surtout dans son REER (708 000 $) ainsi que dans son CELI (98 000 $).
Ses actifs non financiers se composent surtout de la valeur de sa maison, estimée à 400 000 $ et libre de dettes, et d’un véhicule acheté neuf en 2023 (env. 40 000 $).
Quant au passif financier de Gabriel, il se résume à un solde de 9000 $ sur une marge de crédit à taux variable de 4,5 % qui découle de son achat de véhicule il y a deux ans.
Dans ce contexte, Gabriel cherche des conseils en préparation financière de son début de retraite dans deux ans en tenant compte du fait qu’il souhaite maintenir son revenu annuel autour de 50 000 $ jusqu’à un âge très avancé.
En premier lieu, comment optimiser sa capacité budgétaire de cotisations dans les comptes d’épargne enregistrés (REER, CELI) durant ses deux dernières années de revenu d’emploi imposable ?
D’autant que Gabriel dispose de bons montants de cotisations inutilisées dans ses comptes enregistrés : soit 24 000 $ dans son REER et 32 000 $ dans son CELI.
En second lieu, comment optimiser la gestion de ses sources de revenus au fil des années de retraite – décaissements de REER et de CELI, début des prestations du RRQ provincial et de la PSV fédérale ?
Par ailleurs, Gabriel a indiqué lors d’un entretien avec La Presse qu’il préfère exclure de cette planification financière un éventuel apport important en liquidités qui proviendrait de la revente de sa maison libre de dettes.
« J’envisage de léguer ma maison à mon fils. Mais comme ça serait dans plusieurs années, nous pourrions décider alors de revendre la maison et partager la somme nette de la revente. »
La situation et les questions de Gabriel ont été soumises à Mélanie Beauvais, qui est planificatrice financière au Groupe conseil Bachand Lafleur, établi à Boucherville, sur la Rive-Sud de Montréal.
Les chiffres
Gabriel, 58 ans
Actifs financiers
- En REER : 708 000 $
- En CELI : 98 000 $
- En compte d’épargne : 21 000 $
Actifs non financiers
- Maison : env. 400 000 $
- Véhicule 2023 : env. 40 000 $
Passif
- Solde de marge de crédit : 9000 $
Revenu d’emploi : 50 000 $
Budget de coût de la vie : env. 35 000 $. (Habitation : env. 10 000 $, style de vie : env. 20 000 $, marge de crédit : env. 5000 $)
Les conseils
D’entrée de jeu, la planificatrice financière Mélanie Beauvais complimente Gabriel* pour la teneur de son « patrimoine accumulé » de façon autonome.

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Mélanie Beauvais, planificatrice financière au Groupe conseil Bachand Lafleur, établi à Boucherville
« Avec 800 000 $ d’actifs dans ses comptes d’épargne enregistrés, plus une maison évaluée à 400 000 $ et libre de dettes, Gabriel se trouve dans une très bonne position malgré l’absence d’un régime de retraite pour réaliser son projet de retraite à 60 ans avec le maintien de son train de vie raisonnable », constate Mme Beauvais.
Elle salue aussi le maintien par Gabriel d’un compte d’épargne courant bien garni, autour de 21 000 $. « C’est une somme suffisante pour lui servir de fonds d’urgence pour couvrir de trois à six mois de son coût de la vie, indique Mme Beauvais.
« Gabriel pourrait aussi utiliser une portion de ce compte d’épargne pour accélérer le remboursement de sa marge de crédit de 9000 $ qui a servi à l’achat d’un véhicule il y a deux ans. »
Cela dit, Mélanie Beauvais a quelques conseils pour Gabriel afin d’optimiser sa situation financière durant ses deux années de préretraite. Ainsi que la planification de ses sources de revenus de retraite à partir de 60 ans, entre ses comptes d’épargne enregistrés et les rentes d’origine gouvernementale.
D’abord, durant les deux années d’ici sa retraite, Mélanie Beauvais conseille à Gabriel de privilégier les cotisations dans son compte CELI plutôt que dans son compte REER.
« Considérant son revenu d’emploi réduit durant ces deux années de préretraite, ainsi qu’une baisse présumée de son taux d’imposition, je lui recommande de combler toutes ses cotisations non utilisées au CELI (env. 32 000 $) plutôt que de cotiser davantage à son REER, qui est déjà bien rempli », indique la planificatrice financière.
En fait, même durant sa retraite, Gabriel devrait continuer d’utiliser d’éventuels surplus budgétaires au fil des ans afin de maximiser ses cotisations à son compte CELI. Comme le REER, les actifs financiers accumulés dans le CELI peuvent fructifier à l’abri de l’impôt. Cependant, les futurs décaissements de REER et de FERR seront imposables, ce qui n’est pas le cas des éventuels retraits du CELI. De plus, cette distinction pourrait affecter la facture fiscale de Gabriel à partir de 70 ans, avec le début des rentes d’origine gouvernementale et le début des retraits minimums obligatoires de son actif restant en compte REER/FERR.
Le REER avant les rentes publiques
Quant à la planification des revenus de retraite de Gabriel, Mélanie Beauvais lui conseille de privilégier des retraits de son compte REER au rythme d’environ 50 000 $ par an afin d’optimiser sa situation fiscale durant ses premières années de retraite.
Ensuite, lorsqu’il sera rendu à 65 ans, elle lui recommande de transformer son REER en FERR afin de commencer à bénéficier du crédit d’impôt pour le revenu de retraite.
En parallèle, en puisant d’abord dans son REER/FERR, Gabriel pourra se permettre de reporter le début des rentes d’origine gouvernementale jusqu’à l’âge limite (70 ans pour la PSV fédérale, 72 ans pour le RRQ provincial).
En prime, un tel report de cinq ou sept ans par rapport à l’âge habituel de 65 ans lui vaudra une bonification substantielle du montant mensuel de ces rentes.
« Ces rentes bonifiées, qui sont aussi indexées et garanties jusqu’à la fin de la vie, sont un moyen très intéressant de se prémunir contre le risque de survivre à ses épargnes, c’est-à-dire le risque d’épuiser son épargne-retraite avant son décès à un âge très avancé », résume Mélanie Beauvais.
Aussi, lorsque ces rentes bonifiées débuteront à 70 et à 72 ans, Gabriel pourra alors ajuster le montant des retraits de son FERR au montant minimum obligatoire à partir de 71 ans, tout en ayant des revenus suffisants pour l’évolution de son coût de la vie à un âge avancé.
En procédant ainsi, et en présumant d’un rendement net d’environ 4 % par an des actifs financiers dans ses comptes REER/FERR et CELI, Mélanie Beauvais estime que Gabriel pourrait soutenir un train de vie d’environ 35 000 $ par an sans risquer d’épuiser son capital avant son décès. Et sans avoir à revendre sa maison libre de dettes avant de pouvoir la léguer à son fils.
D’ailleurs, en complément à ce projet d’héritage, Mélanie Beauvais a poussé son analyse-conseil afin d’estimer la hausse du budget de train de vie de Gabriel qui serait possible avec ses revenus prévus à la retraite, mais sans compromettre son désir d’habiter sa maison le plus longtemps possible avant de la léguer à son fils.
Le résultat ? « Gabriel pourrait augmenter son budget de 10 000 $ jusqu’aux environs de 45 000 $ par an, sans devoir revendre sa maison pour se renflouer à un âge avancé », indique Mélanie Beauvais.
« Il s’agit d’une belle marge de manœuvre financière pour Gabriel si, par exemple, il décidait d’augmenter son budget de loisirs à la retraite. Ou s’il devait faire face à des dépenses additionnelles comme des rénovations à la maison et des services d’aide au maintien à domicile. »
* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.
SOURCE: Train de vie | Retraite hâtive… sans régime de retraite ? | La Presse

