Les opérateurs de transports de Montréal sont dans l’incertitude depuis que CDPQ Infra a jeté le doute sur une inauguration du REM le 1er octobre prochain, a appris La Presse. Il s’agissait pourtant du scénario sur lequel ils planchaient depuis plusieurs mois.

Philippe Teisceira-Lessard

Philippe Teisceira-LessardÉquipe d’enquête, La Presse

Ce qu’il faut savoir

  • À la suggestion de CDPQ Infra, les opérateurs de bus planchaient sur le scénario d’une inauguration du reste du REM le 1er octobre prochain ;
  • Fin avril, CDPQ Infra leur a demandé de se détacher de cette date, suscitant l’incertitude ;
  • CDPQ Infra propose maintenant un changement graduel aux lignes de bus, une hypothèse critiquée.

CDPQ Infra dit maintenir son objectif de lancer les antennes Deux-Montagnes et Anse-à-l’Orme en octobre, mais souligne que les tests qui seront effectués à l’été feront foi de tout.

Les organisations qui doivent connecter leurs lignes d’autobus au REM – une refonte extrêmement complexe – sont désormais dans le brouillard quant à sa date d’inauguration exacte. Et donc quant à l’entrée en vigueur de leurs nouvelles lignes de bus.

« Nous avons reçu une communication de l’ARTM demandant de suspendre la mise en service des refontes [des] bus en lien avec les antennes Deux-Montagnes et l’Anse-à-l’Orme du REM », a indiqué la STM dans un courriel à La Presse, jeudi.

Cette communication, que La Presse a obtenue, affirme que CDPQ Infra « demande à l’ARTM de décorréler la date d’entrée en vigueur des différents services de rabattement » de la date du lancement du REM. La demande a été formulée le 30 avril dernier, selon le même document.

« Déploiement graduel » proposé

Par courriel, CDPQ Infra a assuré qu’elle n’avait « demandé aucune suspension » de l’entrée en vigueur de nouveaux horaires d’autobus.

Dans la foulée, l’organisation reconnaît toutefois vouloir « discuter d’un déploiement graduel des refontes des lignes d’autobus vers les stations » plutôt qu’un changement total le matin de la mise en service du REM, comme ce fut le cas sur la Rive-Sud en 2023.

CDPQ Infra entrevoit donc la possibilité que les horaires de bus soient modifiés sur plusieurs semaines, autour du lancement du REM.

Certaines lignes pourraient donc dédoubler le train léger pendant une période plus ou moins longue.

« Le déploiement des lignes d’autobus vers les stations pourrait ainsi se réaliser en fonction des besoins des usagers et permettrait une transition plus harmonieuse », a continué CDPQ Infra.

Une source du monde du transport commun a toutefois qualifié ce scénario d’« impossible », parce que les lignes d’autobus sont interdépendantes et que les conventions collectives sont peu compatibles avec de tels changements.

« Pour que les gens puissent vivre une expérience attrayante et performante, les mises en service, autant les nouvelles antennes du REM que la refonte des réseaux de bus liés, doivent être bien arrimées », a affirmé Vincent Rabault, de l’ARTM. « Différents scénarios sont actuellement analysés, de concert avec CDPQ et en partenariat avec les organismes de transport, afin d’identifier la meilleure approche pour atteindre cet objectif. »

« On va privilégier dans tous les cas la ligne de Deux-Montagnes »

Les dates de mise en service du REM font couler beaucoup d’encre depuis le lancement du projet en 2016.

L’inauguration du premier segment était prévue en 2020, avant d’être reportée en 2022, puis en 2023. L’ouverture des antennes Deux-Montagnes et Anse-à-l’Orme a parallèlement été reportée jusqu’à aujourd’hui, alors que l’antenne Montréal-Trudeau est maintenant attendue pour 2027.

CDPQ Infra a notamment invoqué l’impact de la COVID-19 et l’état du tunnel sous le mont Royal pour justifier ces retards.

Récemment, le grand patron du projet a évoqué le scénario d’une mise en service séparée pour les deux antennes du REM qui doivent ouvrir l’automne prochain.

« Il y a toujours des aléas et des risques avec l’ensemble des tests qu’on effectue. On va en effectuer d’autres. Il y a toujours un risque », a dit Jean-Marc Arbaud à Radio-Canada. « Ce qui est certain, c’est qu’on va privilégier dans tous les cas la ligne de Deux-Montagnes pour mettre en service. »

En septembre dernier, La Presse avait révélé que l’opérateur d’autobus de banlieue exo se préparait à un nouveau retard du REM. L’organisation a conclu des contrats pour réserver des autobus (et des chauffeurs) jusqu’au printemps 2026 en cas de besoin.

SOURCE: REM | Nouvelles incertitudes quant à la date de lancement | La Presse