Pendant que des centaines de médecins du Québec s’informent pour pratiquer ailleurs au Canada, le Collège des médecins s’apprête à délivrer un nombre record de permis de pratique à des médecins d’autres provinces et de l’étranger pour travailler au Québec.

Le Québec compte 22 000 médecins.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Depuis l’adoption par bâillon du projet de loi 2, le 25 octobre, de nombreux médecins québécois ont exprimé publiquement leur intention de pratiquer à l’extérieur de la province, de partir à la retraite, de changer de pratique ou de faire le saut au privé.
Lors du rassemblement de milliers de médecins au Centre Bell à Montréal, dimanche dernier, le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot, a soutenu que 550 médecins ont annoncé qu’ils quittaient le Québec
.
Imposer [cette loi], comme ils le font actuellement, ça va amener des catastrophes, des dérives, et elles ont déjà commencé, ces catastrophes-là,
a-t-il affirmé.
On compte 22 000 médecins au Québec, presque autant de médecins de famille que de spécialistes.
Selon les dernières données disponibles, le Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario confirmait lundi avoir reçu 263 demandes de permis d’exercice depuis le 23 octobre de la part de médecins du Québec souhaitant obtenir un certificat d’exercice restreint ou un certificat d’exercice indépendant en Ontario.
Le traitement de ces demandes est en cours et certaines pourraient être retirées ou annulées. Par conséquent, ce nombre ne reflète pas nécessairement le nombre de médecins qui obtiendront finalement un certificat d’inscription
, précisait-on par courriel. Plus de la moitié des demandes provenaient de médecins de famille.
Il faut dire que le coup d’éclat publicitaire du premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, qui a offert son propre numéro de téléphone aux médecins québécois mécontents intéressés à déménager, en a fait réfléchir plusieurs.
Le Nouveau-Brunswick s’est également invité dans la danse. En entrevue à Tout un matin le 29 octobre, la PDG du Réseau de santé Vitalité, la Dre France Desrosiers, a confirmé avoir reçu une centaine de demandes de médecins québécois dans le dernier mois. Elle reconnaissait cependant qu’un certain nombre de demandes d’informations provenaient en fait de Néo-Brunswickois venus étudier et pratiquer au Québec qui songeaient à retourner pratiquer dans leur province d’origine. On garde un contact avec tous nos étudiants qui sont formés au Québec pour s’assurer de les rapatrier chez nous
, disait-elle.
Dans une communication publique du vendredi 31 octobre, le Collège des médecins du Québec (CMQ) indiquait que pas moins de 125 médecins ont complété le processus et engagé les frais pour obtenir le droit de pratique en Ontario auprès du Collège des médecins et chirurgiens de cette province. 200 autres ont entrepris des démarches en ce sens
.
Cela dit, une étape préalable pour les médecins québécois consiste à fournir à l’ordre professionnel ontarien ou néo-brunswickois un certificat de conduite professionnelle du Collège des médecins du Québec (CMQ). Au Collège, on dit recevoir bon an mal an 2500 de ces demandes, parfois pour plusieurs provinces, que ce soit pour l’Ontario, le Nouveau-Brunswick, la Saskatchewan ou l’Alberta, notamment.
Cette année ne fait pas exception.
Le Québec attractif
Mais l’attractivité ne marche pas seulement à sens unique. Le Québec attire lui aussi.
Si la tendance se maintient, plus de 200 nouvelles autorisations de pratiquer auront été délivrées en 2025 à des médecins ayant obtenu leur diplôme ailleurs au Canada ou à l’étranger, indiquent les données du CMQ. Possiblement le nombre le plus élevé depuis 10 ans.
En moyenne, le Collège leur a délivré 18 permis par mois cette année, de janvier à octobre.
Autre indice, le lieu d’exercice des médecins résidents des facultés de médecine canadiennes 2 ans, 5 ans et 10 ans après la fin de leurs études.
Une compilation du Répertoire canadien sur l’éducation post-M.D. (RCEP/CAPER) permet de dresser un portrait nuancé de la migration des diplômés d’une province à l’autre jusqu’en 2024.
Ainsi, si l’on compare la migration nette entre le nombre de nouveaux diplômés en médecine ayant reçu une formation au Québec et exerçant dans une autre province deux ans après la fin de leur formation et le nombre de nouveaux diplômés ayant reçu une formation dans une autre province et exerçant au Québec deux ans après la fin de leur formation, le Québec a enregistré un gain net de 241 médecins sur sept ans (2016 à 2022), soit une moyenne de 34 médecins par an.
Sur un horizon de cinq ans après leur diplomation, le Québec a enregistré un gain net de 52 médecins sur sept ans (2013 à 2019), soit une moyenne de 8 médecins par an.
Lorsqu’on fait le même examen 10 ans après l’obtention de leur diplôme, le Québec affiche cette fois une perte nette de 154 médecins sur sept ans (2008 à 2014).
Ces statistiques de migration de RECP excluent les individus classés comme non localisés
.
Cette amélioration coïncide notamment avec les gains salariaux obtenus par les médecins dans les années 2010, qui les ont fait passer dans la moyenne canadienne.
SOURCE: Médecins : le Québec en attire autant qu’il en perd | Radio-Canada
