Dans le même temps, la coroner en chef déclenche une enquête sur la présumée maltraitance précédant la mort.
La ministre des Aînés Marguerite Blais a été informée de la dénonciation de maltraitance le 22 février, 5 jours après que l’eurent été de hauts fonctionnaires de son ministère.
PHOTO : RADIO-CANADA / SYLVAIN ROY ROUSSEL
Après avoir admis que son gouvernement pourrait avoir fait de l’âgisme durant la pandémie, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, reproche maintenant au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), auquel elle est rattachée, d’avoir tardé à l’aviser d’un cas de maltraitance d’une aînée, quelques jours avant son décès, dans un CHSLD de Montréal.
Marguerite Blais l’a avoué devant les parlementaires à l’Assemblée nationale, elle est très fâchée
. D’abord, elle est fâchée du sort réservé à Marie M., 81 ans, au Centre d’hébergement et de soins de longue duréeCHSLD Providence-Saint-Joseph. L’aînée a été laissée nue dans ses excréments pendant de longues périodes et en contention, selon la dénonciation de la Croix-Rouge. Elle est morte trois jours plus tard.
Mais la ministre est aussi fâchée de ne pas avoir été avisée plus tôt par son ministère de la Santé alors que les députés étudient justement un projet de loi sur la maltraitance des aînés.
Le ministère de la Santé indique avoir été mis au courant de cette affaire le 17 février, mais ce n’est que le 22 février que Marguerite Blais en a été informée.
« Je trouve inacceptable, si on l’a appris auparavant, que je ne l’aie pas su. »— Une citation de Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants
La ministre a demandé une enquête du ministère : Je veux toute la lumière
. Elle a aussi demandé plus de formations pour travailler auprès d’aînés qui ont des pertes cognitives majeures.
Marguerite Blais a par ailleurs félicité la Croix-Rouge d’avoir dénoncé la situation. Le projet de loi 101 vise à rendre obligatoires les signalements de maltraitance des aînés, sous peine d’amende.
L’opposition insatisfaite de la réaction à la suite de la dénonciation
On ne traiterait pas un chien comme ça
, se désole la porte-parole libérale pour les aînés, Monique Sauvé. Si le Québec est le paradis des familles, c’est un enfer pour les aînés.
« La ministre invite les gens à dénoncer, mais quand ils dénoncent, il n’y a rien qui se passe. »— Une citation de Monique Sauvé, porte-parole libérale pour les aînés
Selon nos informations, aucune inspection ou visite de vigie n’a été commandée par le ministère après qu’il eut été informé de la situation.
Par ailleurs, le MSSSMSSS et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociauxCIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal se sont renvoyé la balle quand nous leur avons posé des questions.
Le Parti québécois accuse les autorités d’être nonchalantes
dans le dossier. Son chef parlementaire Joël Arseneau évoque une banalisation
de la maltraitance des aînés.
« Le gouvernement est extrêmement soucieux de son image et un peu moins du bien-être des aînés. »— Une citation de Joël Arseneau, porte-parole du Parti québécois en matière de santé
Ils font des lois pour sévir, mais pour prévenir, il n’y a rien
, déplore le porte-parole de Québec solidaire (QS) pour les aînés, Sol Zanetti. Selon lui, les aînés abandonnés à leur sort
sont un héritage caquiste
.
Il a aussi regretté que les autorités de la santé aient véritablement commencé à étudier le dossier seulement quand Radio-Canada s’est mise à poser des questions.
« Des Centre intégré universitaire de santé et de services sociauxCIUSSS qui tardent à réagir, qui réagissent essentiellement quand les journalistes les appellent. C’est quoi, ce système-là? »— Une citation de Sol Zanetti, porte-parole de Québec solidaire pour les aînés
Comme les autres partis d’opposition, Québec solidaireQS réitère sa demande d’une enquête nationale sur la gestion de la pandémie, notamment des Centre d’hébergement et de soins de longue duréeCHSLD, car ce n’est pas réglé, il y a des choses qui se passent qui n’ont aucun bon sens
.
Le coroner fera enquête
Aucun signalement n’avait été fait au coroner à la suite du décès de Marie M., ni par la Croix-Rouge, ni par l’établissement, ni par le ministère.
En prenant connaissance de cette histoire, la coroner en chef, Pascale Descary, a demandé qu’une investigation soit menée pour faire toute la lumière sur la cause et les circonstances du décès de cette dame
.
Des conditions « atroces », selon un groupe de défense des aînés
Sous le choc
, la Coalition pour la dignité des aînés dénonce les conditions atroces
de traitement, révélées par Radio-Canada. Cela vient, encore une fois de trop, intensifier le besoin urgent de s’occuper des aînés en situation de vulnérabilité et d’améliorer leurs conditions de vie.
Source : RADIO-CANADA Thomas Gerbet