Les soins médicaux à domicile doivent devenir une priorité nationale

Les deux dernières années, particulièrement les derniers mois, ont démontré sans équivoque que le système hospitalo-centré québécois ne tient plus la route.  

Depuis maintenant des décennies, nous connaissons une solution pour libérer des lits et réduire la pression sur les hôpitaux : les soins médicaux et infirmiers à domicile. Il s’agit d’un modèle utilisé par plusieurs pays et qui a fait ses preuves.   

Le Québec doit amorcer dès maintenant ce virage indispensable. Les aînés le répètent depuis longtemps : ils souhaitent vieillir à domicile.  

Le Réseau FADOQ et le Conseil pour la Protection des Malades (CPM) interpellent le gouvernement du Québec afin que les soins médicaux et infirmiers à domicile deviennent une priorité nationale.  

Bien que nous reconnaissions qu’une « refondation » du réseau de la santé demande du temps, une première étape pour accroître les soins médicaux à domicile existe déjà. Des équipes de soins intensifs à domicile (SIAD) font des visites avec des médecins et des infirmières, en priorisant les patients et patientes en lourde perte de mobilité et en fin de vie. 

Les SIAD sont une solution prouvée efficace pour réduire les hospitalisations des patients et patientes qui n’ont plus besoin du plateau technique hospitalier, par exemple ceux et celles dont les diagnostics sont connus ou dont les imageries par résonance magnétique ont été faites ou peuvent se faire sur rendez-vous. Les SIAD s’appliquent aussi à des personnes nécessitant des soins palliatifs. 

Écoutez l’entrevue de Richard Martineau avec Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ et Paul Brunet, président du Conseil pour la Protection des Malades sur QUB radio: 

Une entente à revisiter   

Malheureusement, l’entente entre la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et le gouvernement du Québec, qui implantait les SIAD, a été modifiée en 2019 pour insérer un maximum de sept jours au suivi médical et limiter la rémunération à moins de 50 % des CLSC dans chaque région.   

Ces changements à l’entente initiale font en sorte que le Québec n’a pas mis en place de nouvelles équipes de soins intensifs à domicile dans la province, sauf exception, depuis 2018.  

Avec l’accélération du vieillissement de la population et la pression sur les hôpitaux, il y a urgence d’agir sur ce front. Le gouvernement du Québec et la FMOQ doivent s’entendre rapidement afin d’abolir le nombre maximal de jours en lien avec le suivi médical à domicile des équipes SIAD, qui freine considérablement leur utilisation.  

Un exemple concret du problème : une personne en fin de vie ayant quitté l’hôpital, qui est suivie par une équipe SIAD et qui nécessite la visite d’un médecin après sept jours, doit retourner dans un établissement de santé pour en consulter un.  

Il faut également mettre sur pied des SIAD à travers le Québec ainsi qu’assurer un financement adéquat et récurrent en fonction des besoins et des ressources. 

Des avantages   

Les avantages des SIAD sont nombreux sur les plans humain, hospitalier et financier. Des études démontrent qu’ils réduisent en amont le nombre de patients aux urgences majeures. 

Il y a 65 % moins d’hospitalisations, 60 à 65 % des patients et patientes suivis décèdent à domicile et les coûts de la dernière année de vie sont réduits de 50 %. Cela est sans compter le sentiment de confort des personnes qui sont dans leur domicile plutôt que dans une chambre à l’hôpital. 

Le gouvernement et les ordres professionnels doivent trouver un terrain d’entente afin de répondre aux volontés des Québécois et Québécoises. Il en va de la santé de notre population et de celle de notre réseau de la santé. 

Photo courtoisie

Paul Brunet, président du Conseil pour la Protection des Malades (CPM)

Photo courtoisie

Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ

Source : tvanouvelles.ca Paul Brunet et Gisèle Tassé-Goodman

AQDR