Les contestations d’obligations vaccinales souvent rejetées

Photo: Hubert Hayaud Le Devoir Une récente décision d’arbitrage entre Hydro One et la Power Workers’Union a rejeté les griefs de plusieurs travailleurs mis en congé sans solde pour non-respect de la politique de vaccination contre la COVID-19 du service public.

Les contestations judiciaires des obligations vaccinales et des mesures sanitaires imposées par des employeurs sont rejetées les unes après les autres, les arbitres canadiens soutenant la nécessité de maintenir des lieux de travail sûrs pendant une pandémie, selon des experts juridiques.

La plupart des cas qui ont déjà reçu une décision concernent des griefs d’employés dans des milieux de travail syndiqués, qui bénéficient d’un processus décisionnel accéléré par rapport aux tribunaux, disent-ils.

« Les premières dĂ©cisions ont clairement donnĂ© le ton en faveur des employeurs et de leur obligation de maintenir un lieu de travail sĂ»r Â», a soulignĂ© Adam Savaglio, avocat spĂ©cialisĂ© en droit du travail et associĂ© chez Scarfone Hawkins LLP Ă  Hamilton, en Ontario.

« Nous avons un nombre important de dĂ©cisions d’arbitrage dans des environnements syndiquĂ©s qui indiquent que les obligations et restrictions en matière de vaccins sont maintenues. Â»

Une rĂ©cente dĂ©cision d’arbitrage entre Hydro One et la Power Workers’Union a rejetĂ© les griefs de plusieurs travailleurs mis en congĂ© sans solde pour non-respect de la politique de vaccination contre la COVID-19 du service public.

La politique exigeait que les travailleurs non vaccinés — et ceux qui refusent de révéler leur statut vaccinal — passent régulièrement des tests rapides.

« Interdire aux employĂ©s de se prĂ©senter au travail s’ils ne fournissent pas de preuve de vaccination ou un rĂ©sultat nĂ©gatif Ă  la COVID-19 est juste et raisonnable dans les circonstances de cette pandĂ©mie Â», a conclu l’arbitre en chef John Stout dans sa dĂ©cision.

« Hydro One respecte ses obligations, en vertu de la Loi sur la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail, de prendre des prĂ©cautions raisonnables pour protĂ©ger la santĂ© et la sĂ©curitĂ© de ses employĂ©s et du public qu’ils servent. Â»

Dans une autre affaire, un arbitre a rejeté un grief déposé par la section locale 847 des Teamsters contre Maple Leaf Sports and Entertainment.

Le syndicat a allĂ©guĂ© que l’entreprise avait violĂ© la convention collective après avoir placĂ© un travailleur en congĂ© sans solde en raison d’un « statut vaccinal non divulguĂ© Â».

L’arbitre Norm Jesin a déclaré que la jurisprudence tend à soutenir les mandats de vaccination sur le lieu de travail pour réduire la propagation de la COVID-19, en particulier lorsque les employés travaillent à proximité les uns des autres.

C’est le « devoir des employeurs de prendre toutes les mesures nĂ©cessaires pour la protection des travailleurs Â», comme le prĂ©voit la Loi sur la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail, a-t-il ajoutĂ©, rappelant que l’employeur avait dĂ©jĂ  pris des mesures pour protĂ©ger la confidentialitĂ© des informations.

Les experts disent que ces cas soulignent le soutien actuel de la population aux obligations vaccinales et aux mesures de santé sur les lieux de travail.

Mais ils pensent que l’équilibre entre la protection de la santé publique et la sauvegarde des droits et libertés des Canadiens pourrait progressivement changer à mesure que les infections diminueront et que les taux de vaccination augmenteront.

« Compte tenu des limites imposĂ©es par la Charte, ces restrictions sont par nature temporaires et non permanentes Â», a expliquĂ© Wayne MacKay, professeur Ă©mĂ©rite Ă  la Dalhousie Schulich School of Law. Ces mesures s’éternisant, « les gens commencent Ă  perdre patience Â».

Le professeur MacKay a affirmĂ© que, bien que la fatigue pandĂ©mique puisse peser lourd, « il est encore trop tĂ´t pour lever toutes les restrictions Â».

« Nous ne pouvons pas laisser le pendule aller trop vite dans l’autre sens. L’un des vrais dangers auxquels nous faisons face en ce moment, c’est d’aller trop vite. Â»

Il a ajouté que, même si les droits individuels sont importants, « on n’a pas le droit individuel de faire du mal ou de mettre les autres en danger ».

Source : ledevoir.com Brett Bundale

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