Le plaisir, source d’attraction des aînés

Et si le plaisir au travail était une source d’attraction des aînés aussi puissante que l’argent ?

Ma chronique « Les “vieux” ne sauveront pas l’économie » a suscité de nombreuses réactions. J’y traitais, entre autres, des façons dont le Québec devait s’y prendre pour attirer et surtout retenir des travailleurs expérimentés, dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre.

Lisez la chronique « Les “vieux” ne sauveront pas l’économie »

Plusieurs lecteurs soulèvent, une fois de plus, la barrière que constituent les impôts et cotisations sociales quand vient le temps de revenir au travail ou poursuivre sa carrière.

Comme ce juriste de 67 ans, qui continue d’enseigner à temps partiel à l’université. « Je contribue encore à l’assurance-emploi, au RRQ, au régime parental et je ne touche pas même à mes allocations de vieillesse, car je devrais en remettre près de 100 %. Et je ne vous parle pas de mes contributions syndicales, qui sont exorbitantes », m’écrit Louis Cossette, à qui le fisc a demandé de faire des acomptes provisionnels.

D’autres me disent être victimes d’âgisme ou croient l’être. « L’obstacle à l’engagement des personnes en fin de carrière est l’âgisme. La dynamique est fort simple : les gestionnaires plus jeunes ne sont pas à l’aise d’engager des personnes qui ont plus d’expérience qu’eux. Ils ou elles voient ces candidats comme une menace, et ce, malgré tous les efforts d’humilité qu’un candidat âgé puisse faire. En d’autres termes, le problème, c’est surtout l’ego et l’insécurité des jeunes gestionnaires », croit ce lecteur, qui tient à garder l’anonymat.

Faux CV pour être embauché ?

Est-ce pour cette raison que certains sont tout simplement ignorés lors de leurs démarches ? « Je fais partie des retraitées qui s’ennuient et j’aimerais bien travailler à temps partiel. Cet été, j’ai envoyé une vingtaine de CV et je n’ai reçu aucun accusé de réception. Faudra-t-il que j’en fasse un faux ? », me raconte cette lectrice.

Cela dit, bien des employeurs ont effacé cette discrimination liée à l’âge, en plus d’adapter les horaires offerts aux travailleurs expérimentés. Denise Nadeau m’explique la situation vécue par son conjoint, Bruno.

L’homme de 72 ans a distribué plusieurs CV, mais sans nouvelles. Ou encore les entreprises voulaient qu’il travaille à temps plein, comme chez Costco, où il a travaillé durant quatre mois.

« Finalement, il se présente chez Canadian Tire à Boucherville et il est engagé immédiatement à 21 heures par semaine. Le magasin a même augmenté le salaire de 3 $ de l’heure pour le garder », m’explique Mme Nadeau.

« Les conditions sont très humaines et adaptées pour des personnes retraitées. Il finit sa journée à 17 h, ne travaille jamais les fins de semaine et il reçoit de la formation. Il est bien traité et très content », souligne-t-elle.

Que dire de mieux !

Vivre le plaisir

Et le plaisir, dans tout ça ? C’est justement ce dont me parle Jean-Claude Lachance, 70 ans.

« On parle beaucoup de salaire, d’agencement d’horaire, de congé, etc., pour retenir les travailleurs, âgés ou autres. Mais on devrait parler aussi du plaisir qu’apporte le travail, le plaisir de faire partie d’une équipe. Ce peut être comme un club social », m’écrit-il.

« Peu d’employeurs se préoccupent de cet aspect. Si on a du plaisir à faire partie d’une équipe de travail, soit pendant ou en dehors des heures de travail, on aura plutôt tendance à rester le plus longtemps possible.

« Un employeur devrait toujours se préoccuper de cet aspect en organisant, oui, des méthodes de travail, mais aussi des activités qui donnent l’occasion de fraterniser, de tisser des liens d’amitié. On ne parle pas assez souvent de l’aspect plaisir du travail et des façons de le générer chez les employés », ajoute M. Lachance.

Pas fou, non ? Alors, les entreprises ne devraient-elles pas songer à miser davantage sur l’ambiance de travail pour attirer et retenir des aînés ? À méditer.

source : lapresse.ca , FRANCIS VAILLES

AQDR