Le budget Marceau : habile mais décevant

Voici quelques points à signaler dans le budget Marceau du 20 novembre 2012 et dans les crédits budgétaires du 6 décembre 2012, au sujet de la santé.

  1. Bonne nouvelle : une hausse de 110 M $ pour les services à domicile. La répartition est la suivante : 78,9 M $ pour les CSSS, 10 M $ pour les organismes communautaires, 5 M $ pour le Programme d’exonération financière pour les services d’aide domestique (PEFSAD), 8 M $ pour la coordination des services, 5 M $ pour la mise en oeuvre des mesures d’évaluation et de traitement pour les personnes ayant des déficits cognitifs liés au vieillissement et 3,1 M $ pour soutenir les mesures à l’égard de la certification des résidences privées pour personnes aînées. Voir les détails du communiqué.
  2. Bonne nouvelle : la règle des 15 ans qui favorisait l’industrie pharmaceutique est abolie. Il y a là des économies annoncées de 336 M $.
  3. Mauvaise nouvelle : la taxe santé. Le gouvernement du PQ aurait pu faire beaucoup mieux. Ce qu’il mettait de l’avant immédiatement après l’élection avait plus d’allure que ce qu’il a concocté par la suite sous la pression des possédants.
  4. Mauvaise nouvelle : le MSSS veut économiser 178 M $ par l’optimisation (méthode Toyota) (p. 59 du document Budget de dépenses). Cela implique que les employés-es vont être pressés comme des citrons (nous avons plusieurs fois abordé ce dossier).
  5. Mauvaise nouvelle : le MSSS veut réviser les tarifs des adultes hébergés (entre autres en CHSLD) et aller chercher 45 M $ (p. 60, document Budget de dépenses).

Le budget québécois 2013-2014, il faut le constater avec tristesse mais sans résignation, eut été pire, d’un point de vue progressiste, si les libéraux ou la CAQ avaient été au pouvoir. De même, aux USA, la situation serait plus pénible si Mitt Romney l’avait emporté sur Barak Obama. Idem en France : l’élection de François Hollande est une moindre catastrophe que l’aurait été la réélection de Sarko. Même si nous souhaitons des gouvernements encore plus progressistes, nous constatons que l’électorat ne suit pas. Nous sommes encore à méditer la sagesse de l’adage: le mieux est l’ennemi du bien… commun. Et à constater que le vote stratégique (l’élection du PQ) nous a fait éviter le pire. Pourquoi aurions-nous dû être masochistes et faire en sorte que les pires prennent (CAQ) ou reprennent (libéraux) le pouvoir ?

Ceci dit, le budget Marceau est habile mais très décevant. Habile, car il a fait avaler une couleuvre à l’opposition. Très décevant, car il aurait pu tirer l’

élastique bien plus loin vers la gauche, en direction de ses promesses, tout en forçant l’opposition à absorber la potion.

Transferts fédéraux : un recul de dix ans

Il ne faut pas oublier ce qui conclut le texte du budget Marceau :

« Les efforts du gouvernement pour équilibrer les finances du Québec sont entravés par les décisions unilatérales prises par le gouvernement fédéral depuis quelques années. En fait, nous sommes en train d’assister à un recul de dix ans, qui nous ramène au moment où tout le Québec était mobilisé pour éliminer le déséquilibre fiscal. Les décisions unilatérales du gouvernement fédéral de 2008 en ce qui a trait au programme de péréquation et de 2011 à l’égard du Transfert canadien en matière de santé ont eu et continueront d’avoir des conséquences néfastes sur les finances publiques du Québec, par exemple :

  • en péréquation, pour les quatre dernières années, le Québec a subi des pertes de 6,6 milliards de dollars;
  • pour les années à venir, la situation ne s’améliore pas. En santé, le Québec subira un manque à gagner de plus de 8 milliards de dollars sur dix ans.

Le gouvernement fédéral avait pourtant été clair : il n’allait pas assainir ses finances publiques sur le dos du Québec et des provinces. Cette promesse n’a pas été tenue.

Nous demandons au gouvernement fédéral, d’une part, de revenir sur sa décision d’imposer des plafonds au programme de péréquation et, d’autre part, d’augmenter

graduellement à 25 %, d’ici 10 ans, sa part du financement des dépenses de santé. »

Pour davantage d’informations, on peut lire le texte du Budget et celui des Crédits.

Voir aussi les réactions de la Coalition solidarité santé, de la Coalition contre la tarification, de l’AREQ, de la FADOQ, de l’APTS, du RPCU. Sur les crédits, celles de la CSN et de l’AQESSS, ainsi que l’article du Devoir.

Médicaments : économie de 336 millions $

Le premier budget Marceau prévoit des économies de 336 millions $ ou de 15 % des coûts du régime d’assurance médicaments au cours de la prochaine année budgétaire.

Il s’agit de la plus forte réduction de dépenses dans tous les programmes gouvernementaux. Cette diminution des coûts n’aurait toutefois pas d’impact sur les primes. Lire la suite de l’article du Soleil.

Réaction de l’AQDR

L’annonce budgétaire de réduire de 336 millions $ les dépenses liées à l’assurance médicaments suscite des inquiétudes auprès des personnes âgées. « Chaque fois qu’on parle de coupes dans les médicaments, c’est sûr que ça crée de l’insécurité, réagit Louis Plamondon, président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et semi- retraités. Si on coupe pour mieux rationaliser les coûts, allons-y. Mais, on veut de la transparence.» Lire la suite de cet article du Journal de Québec.

AQDR