Et si on demandait aux patients ce qu’ils désirent ?

Le système de santé décide de ce qui doit être fait pour les soins de la population. Qui soigne, quand et où, ce qui est prioritaire, quels délais sont tolérables, et quel degré de saturation est acceptable dans les urgences du Québec. Cette approche parentale est pourtant obsolète. Une entreprise de service moderne doit s’intéresser aux besoins et désirs de sa clientèle.

Depuis quelques années, l’Université de Montréal offre aux étudiants en sciences infirmières un campus dernier cri dans ses installations de l’île Jésus.

Ces locaux sont notamment dotés d’un centre de simulation équipé de mannequins d’une ressemblance surprenante avec des êtres humains.

Or, dès lundi, quelques centaines de vrais patients y défileront chaque semaine pour être soignés par des infirmières praticiennes spécialisées (IPS) et des infirmières cliniciennes sous l’œil attentif d’étudiants en sciences infirmières.

Comme l’explique Élaine Cardinal, directrice des soins infirmiers au CISSS de Laval, deux IPS avec une infirmière clinicienne s’occuperont de patients référés soit par l’urgence de l’hôpital Cité de la Santé, […] soit par un professionnel du guichet d’accès première ligne (GAP), soit par nos équipes en soins à domicile.

Le Téléjournal week-end

Une quatrième clinique d’infirmières praticiennes spécialisées va ouvrir ses portes lundi. Elle est située à Laval, directement dans des locaux de l’Université de Montréal. C’est une première pour l’institution d’enseignement. C’est l’une des mesures mises en œuvre par la cellule de crise du gouvernement Legault pour tenter de désengorger les urgences du Québec. Reportage de David Gentile.

Il faut dire que chaque semaine, l’urgence de l’hôpital à Laval reçoit de 800 à 900 patients dont l’état de santé est considéré comme étant peu ou pas urgent (P4, P5) et qui y font des séjours de 6 heures à 7 heures dans la salle d’attente.

La demande est également forte au guichet d’accès première ligne (GAP) pour obtenir un rendez-vous avec un soignant.

Accroître l’accès aux soins

Stéphanie Guindon sera une des IPS volontaires durant les premiers mois.

Une infirmière dans une salle de classe.

Stéphanie Guindon, cheffe de la pratique avancée et du développement des compétences au CISSS de Laval

PHOTO : RADIO-CANADA

L’objectif premier, c’est de voir les patients ailleurs qu’à l’urgence et d’augmenter l’accessibilité des soins, dit-elle.

Cheffe de la pratique avancée et du développement des compétences au CISSS de Laval, Mme Guindon dit vouloir pousser le rôle des IPS et des cliniciennes au maximum de leur champ de pratique.

Pour Sylvie Dubois, doyenne de la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, il s’agit d’une clinique-école universitaire où les infirmières IPS et les infirmières cliniciennes vont apprendre à travailler en tandem.

Une gestionnaire dans une salle de classe.

Sylvie Dubois, doyenne de la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal

PHOTO : RADIO-CANADA

Il s’agit d’une collaboration inspirante entre le CISSS et l’Université, estime le recteur de l’Université de Montréal, Daniel Jutras.

Dans un premier temps, le site sera ouvert sur rendez-vous les lundis et les mercredis de 8 h à 20 h ainsi que les samedis et les dimanches de 8 h à 12 h. On prévoit 300 plages horaires par semaine.

Attirer plus d’infirmières

Lors de notre passage, l’étudiante en sciences infirmières Annabelle Lemay se réjouissait de l’ouverture de cette clinique-école.

C’est un plus que ce soit directement dans notre campus, où on peut aller à nos cours et ensuite venir en stage en soirée, souligne-t-elle.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, et la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, y voient une occasion supplémentaire d’attirer davantage de jeunes dans une profession en pénurie.

« Si vous offrez un environnement de formation qui est excitant comme ici, c’est sûr que les gens vont venir. »— Une citation de  Christian Dubé, ministre de la Santé

Le ministre Dubé dans un local de formation.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, souhaite attirer plus d’étudiantes dans la profession d’infirmière

PHOTO : RADIO-CANADA

M. Dubé fait un parallèle avec les nouveaux hôpitaux comme le CHUM, le CUSM et même Sainte-Justine, où on n’a pas de misère à attirer des infirmières pour y venir travailler […] parce que l’environnement est extraordinaire.

Au Québec, on compte actuellement autour de 1100 infirmières praticiennes spécialisées sur un effectif total de 76 000 infirmières.

En 2017, le gouvernement libéral de Philippe Couillard avait lancé un programme pour en former 2000 d’ici 2025.

Selon les données des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, le réseau universitaire a admis depuis cinq ans plus de 1200 étudiants au programme d’IPS et le gouvernement du Québec leur a versé près de 60 millions de dollars en bourses d’études.

Débuts modestes au centre-sud de Montréal

La clinique d’IPS de Laval est la quatrième à ouvrir ses portes dans la région de Montréal depuis que le ministre Dubé a annoncé la création d’une cellule de crise sur les urgences, début novembre.

Une première clinique a ouvert ses portes il y a deux semaines dans l’est de Montréal avec 300 plages horaires par semaine.

Deux autres cliniques dans le centre-sud de Montréal auront des débuts plus modestes avec une centaine de plages horaires hebdomadaires.

Source : radio-canada , Daniel Boily, Davide Gentile

AQDR