Des actions réclamées pour mettre fin à «l’âgisme systémique»

L’urgence est réelle et il faut agir maintenant », a lancé mardi le président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR), Pierre Lynch, qui réclame la fin de « l’âgisme systémique » au Québec.

L’AQDR a dévoilé mardi un manifeste qu’elle a acheminé aux principaux partis provinciaux qui seront appelés à rivaliser de promesses électorales dans les prochaines semaines, en prévision du scrutin du 3 octobre.

Au coeur des inquiétudes de l’association se trouve la question du revenu des aînés, dont l’évolution peine à suivre la hausse du coût de la vie, en particulier dans le contexte inflationniste actuel. « Les aînés du Québec s’appauvrissent. Il est essentiel de repenser les revenus afin qu’ils soient maintenus hors de la pauvreté », insiste M. Lynch, en conférence de presse mardi matin à Montréal. Pour ce faire, « la solution passe par l’instauration d’un revenu viable pour les personnes aînées », ajoute-t-il.

À Montréal, le « revenu viable » défini par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques s’élève à un peu plus de 29 500 dollars par année pour une personne seule. Or, le tiers des aînés reçoivent moins de 21 000 dollars par année pour répondre à tous leurs besoins essentiels, déplore l’AQDR.

« Ce n’est pas un phénomène nouveau l’appauvrissement des aînés, mais ça continue et ça s’accélère », constate ainsi M. Lynch, qui craint qu’une proportion grandissante d’aînés se retrouvent en situation de pauvreté au Québec. « L’inflation, tout ce qu’elle vient faire, c’est d’accélérer un processus qui était déjà en mouvement. »

Sentiment d’urgence

La situation est telle que des personnes âgées se retrouvent forcées de « vendre leur maison » ou encore leur voiture pour joindre les deux bouts, déplore le responsable du comité revenu et fiscalité de l’association, Pierre-Claude Poulin.

« L’urgence est réelle et il faut agir maintenant », renchérit M. Lynch, qui blâme « l’âgisme systémique » dans la société québécoise et au sein du gouvernement du Québec pour expliquer le manque de « mesures structurelles » mises en place pour améliorer les conditions de vie des aînés dans la province. « On est mis à l’écart, on est les grands oubliés », ajoute-t-il en entrevue.

Pourtant, rappelle-t-il, les personnes de 65 ans et plus occupent une part de plus importante de la population québécoise. Ils devraient représenter 27 % de la population totale au Québec en 2066, contre 20 % en 2020, selon les prévisions de l’Institut de la statistique du Québec.

« On ne peut pas continuer comme ça. Il va y avoir des conséquences importantes au niveau de la santé mentale, au niveau de l’isolement, au niveau de bien d’autres choses », s’inquiète-t-il.

La question du manque de logements abordables pour les personnes âgées, au moment où les résidences privées pour aînés (RPA) ferment leurs portes à un rythme effréné, préoccupe aussi l’AQDR. « Quand vous avez un revenu de 21 000 [dollars par année], même un entrepreneur au grand coeur qui veut ouvrir une RPA n’est plus capable d’arriver, n’est plus capable de hausser le loyer », soulève M. Poulin. Ainsi, on se retrouve dans une situation « où il y a de plus en plus d’aînés et les RPA ferment », déplore-t-il.

L’AQDR, qui égrainera des demandes plus précises pendant la campagne électorale, réclame aussi des mesures pour améliorer l’accessibilité du transport en commun aux personnes âgées, notamment en rendant celui-ci plus abordable pour les aînés.

« On demande une amélioration radicale et immédiate des conditions des aînés. Ce n’est pas une question de partisanerie politique, c’est une question d’actions », conclut M. Lynch.

source : ledevoir.com

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