
La flambée des loyers, la rareté des logements abordables et la hausse du coût de la vie mettent à mal les capacités financières de milliers de locataires. (Photo d’archives)
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
À l’approche du 1er juillet, près de 2000 ménages ont demandé de l’aide pour se trouver un logement, selon la Société d’habitation du Québec. Il s’agit d’une hausse de 17 % par rapport à l’année dernière, dénoncée par divers organismes, qui l’expliquent notamment par la hausse des loyers.
L’année passée, ç’a été une année record au chapitre des demandes d’aide, et cette année, on est encore dans cette mouvance-là
, constate d’emblée Nicole Dionne, coordonnatrice au Bureau d’animation et information logement (BAIL) à Québec.
De plus, Mme Dionne fait remarquer que cette année, les loyers vont augmenter davantage en raison d’une décision du Tribunal administratif du logement (TAL), qui a recommandé une hausse de 5,9 % en 2025 pour un logement non chauffé, une hausse moyenne jamais vue en 30 ans au Québec.
On se retrouve vraiment dans un cercle vicieux.
Dans la Capitale-Nationale, où 151 ménages sont actuellement à la recherche d’un logement, les loyers ont augmenté de plus de 75 % au cours des cinq dernières années, selon Statistique Canada.
Ça met vraiment à mal la situation des locataires
, déplore Mme Dionne. On ne change pas d’appartement pour le plaisir. Les locataires qui déménagent, c’est parce qu’ils sont contraints de déménager.

Nicole Dionne est coordonnatrice au Bureau d’animation et information logement de Québec. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Anne-Sophie Roy
Selon les données de la Société d’habitation du Québec, en date du 27 juin 2025, pas moins de 1968 ménages n’auront peut-être plus d’adresse mardi, une hausse de 17 % par rapport à l’année dernière. Mme Dionne croit toutefois que ce nombre n’est que la pointe de l’iceberg
.
Les données qu’on a, c’est seulement les gens qui ont demandé de l’aide. Il peut y en avoir plus.
Il y a des gens actuellement qui n’ont pas nécessairement fait affaire avec les offices municipaux et qui sont en situation d’hébergement temporaire
, fait-elle remarquer.
On présume que l’été sera difficile
Selon Geneviève Dugré, coordonnatrice pour l’organisme InfoLogis Mauricie, la situation est inquiétante
.
Année après année, la situation ne semble pas s’améliorer. On est déjà en crise depuis plusieurs années et les chiffres se maintiennent, donc il n’y a rien de rassurant.
Et cette situation ne se terminera pas le 1er juillet, avertit-elle.
Au cours de l’été, de la mi-juillet jusqu’au début de l’automne, on présume qu’il y aura des gens en détresse, car rendu à ces dates-là, il est encore plus difficile de trouver un logement, et les services d’aide ne sont pas éternels.
Pour sa part, la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, constate que ce sont davantage les familles monoparentales qui ont de la difficulté à dénicher un logis puisqu’un seul revenu ne permet pas de payer un logement de deux ou trois chambres sur le marché privé
.

Véronique Laflamme est la porte-parole du FRAPRU. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Philippe L’Heureux
Dans la dernière année au Québec, on parle d’une hausse des loyers moyens de 10 % depuis le début de la pénurie. Hausse moyenne au Québec : 47 %, c’est énorme
, déplore-t-elle.
Il y a des logements disponibles, mais ils sont extrêmement chers. L’inabordabilité, c’est ça qui caractérise le 1er juillet cette année.
À lire aussi :
Dans la métropole, 290 ménages cherchaient toujours un logis vendredi en vue du 1er juillet, un nombre en hausse de près de 21 % par rapport à l’an dernier.
Philippe Sabourin, porte-parole de la Ville de Montréal, rappelle que la Municipalité peut aider les citoyens dans leurs recherches de logement et qu’elle offre de l’hébergement temporaire ainsi qu’un service d’entreposage.
Il faut répondre à certains critères. Grosso modo, c’est pour les familles à faible revenu
, précise-t-il.

Philippe Sabourin est porte-parole à la Ville de Montréal. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Ce dernier ajoute que pour tenir compte du resserrement du marché et des augmentations de loyer
, la Ville de Montréal a plus que doublé l’enveloppe consacrée à ces services depuis 2019, qui a atteint 3,5 millions $ en 2025.

Du « stress » aussi pour les propriétaires, dit l’APQ
Du côté de l’Association des propriétaires du Québec (APQ), on indique être sensibilisé à la question de l’inabordabilité.
On veut que les locataires soient capables de payer [leur loyer]. La croissance des coûts, ça nous affecte tous. Quand les prix de l’épicerie augmentent, ça affecte le revenu disponible des locataires et leur capacité de se loger correctement
, fait savoir Martin Messier, président de l’APQ.

Martin Messier est le président de l’Association des propriétaires du Québec. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada
Ce dernier souligne également que l’inflation a des conséquences sur les propriétaires en raison de l’augmentation du prix des assurances ainsi que des matériaux nécessaires aux travaux de réfection.
Tout est à la hausse dans la société. L’augmentation des dépenses cause du stress autant aux locataires qu’au propriétaires.
[L’inflation] fait en sorte que les capacités financières des propriétaires sont limitées. Certains ont de la difficulté à boucler le budget de fin de mois, surtout les plus petits propriétaires. Tout cela est combiné à un climat économique incertain qui crée de l’inquiétude
, poursuit M. Messier.
Avec les informations de Véronique Morin et Jean-Philippe Hughes
SOURCE: Déménagements : le nombre de ménages à la recherche d’un logement en hausse de 17 % | Radio-Canada