DDES CHÈQUES ÉCHAPPENT AUX PERSONNES LES PLUS VULNÉRABLESES CHÈQUES ÉCHAPPENT AUX PERSONNES LES PLUS VULNÉRABLES

OTTAWA — Les prestations pour réduire la pauvreté n’atteignent pas les personnes qu’elles sont censées aider le plus, selon la vérificatrice générale. L’Agence du revenu du Canada et le ministère de l’Emploi et du Développement social ont pourtant reçu 18 millions de dollars lors de la dernière année financière pour tenter de les joindre.

C’est l’un des constats de Karen Hogan dans son plus récent rapport, rendu public mardi. Les quatre thèmes abordés ont un point en commun : le gouvernement n’en fait pas assez pour réduire les inégalités qui persistent, que ce soit à l’Agence du revenu du Canada, au Service correctionnel du Canada ou au ministère des Anciens Combattants.

« Beaucoup d’engagements sont pris, des plans d’action sont élaborés et il y a beaucoup d’activité selon ce que cette vérification et les vérifications précédentes ont constaté, mais il est temps que tout ça se traduise en actions concrètes », a-t-elle déclaré en conférence de presse.

Le gouvernement a déjà par le passé acquiescé aux recommandations formulées lors d’autres audits, mais la situation s’améliore peu ou pas.

PRESTATIONS SANS DESTINATAIRE

Les Autochtones, les personnes au logement précaire, les immigrants venant d’arriver au Canada, les personnes handicapées, les personnes âgées et les jeunes sont les six groupes qui doivent surmonter le plus d’obstacles pour obtenir les prestations auxquelles ils ont droit.

Certains ne produisent pas la déclaration de revenus nécessaire pour recevoir l’Allocation canadienne pour enfants, le Supplément de revenu garanti ou l’Allocation canadienne pour les travailleurs. D’autres n’ont pas de numéro d’assurance sociale, ont de la difficulté à s’exprimer dans les deux langues officielles, ont un faible niveau d’alphabétisation ou habitent une région éloignée.

« Il faut trouver quelles sont ces barrières et adapter vos programmes de sensibilisation au lieu de toujours répéter la même recette dans l’espoir que ça génère davantage d’adhésion. »

– Karen Hogan, vérificatrice générale du Canada

Le gouvernement a accordé plus de 10 millions à un projet pilote pour que des organismes communautaires puissent aider les gens à produire leur déclaration de revenus, a fait valoir la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier.

« À titre d’exemple, l’an dernier, plus de 3400 organismes et 15 000 bénévoles ont aidé plus de 574 000 personnes à remplir et produire leurs déclarations de revenus et de prestations », a-t-elle énuméré.

La vérificatrice générale constate que l’Agence du Revenu et le Ministère n’en ont pas fait assez pour joindre ces groupes directement, malgré les millions qu’ils ont dépensés pour les sensibiliser.

Elle leur recommande, entre autres, d’améliorer les services pour les personnes vulnérables et de mesurer l’efficacité de leurs activités de sensibilisation auprès d’elles. Ces recommandations ont toutes été acceptées.

RACISME SYSTÉMIQUE EN PRISON

« La surreprésentation des Autochtones dans le système correctionnel fédéral s’est aggravée », observe la vérificatrice générale dans son rapport, le quatrième à porter sur les services correctionnels depuis 2015. Ils constituent 4 % de la population adulte canadienne, mais comptaient pour 27 % de tous les détenus en 2020-2021. Les femmes autochtones sont encore plus nombreuses. Elles représentaient 43 % des personnes incarcérées.

Les Noirs sont également surreprésentés dans les établissements de détention puisqu’ils comptent pour 8 % des détenus alors qu’ils composent 3 % de la population adulte du pays.

De plus, les Autochtones et les Noirs ont deux fois plus de chances d’obtenir une cote de sécurité plus élevée que les autres délinquants, ce qui a une incidence sur leur temps de détention et leur possibilité d’obtenir une libération conditionnelle.

Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a récemment demandé à la commissaire du Service correctionnel de créer un poste de sous-commissaire voué aux Autochtones en milieu carcéral, comme le recommandait l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

LONGUE ATTENTE POUR LES ANCIENS COMBATTANTS

Le ministère des Anciens Combattants indique que le délai d’attente pour leur indemnisation est de quatre mois, mais les anciens combattants attendent plutôt près de dix mois avant que le traitement de leur demande soit finalisé. Les femmes, les francophones et les agents de la GRC sont ceux qui attendent le plus longtemps. « Cela a de réelles conséquences sur le bien-être des anciens combattants et de leurs familles », a affirmé Karen Hogan. « J’en conclus que le gouvernement échoue à tenir sa promesse qu’il s’occuperait d’eux s’ils étaient blessés en service », a-t-elle ajouté. La vérificatrice générale recommande notamment au Ministère de mieux organiser les dossiers pour être capable de les traiter rapidement, de fournir une indication réelle du temps que cela prendra et d’embaucher davantage de personnel permanent pour y parvenir.

source : lapresse.ca

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