Cutii, le robot qui brise l’isolement des aînés

Avec le vieillissement de la population, l’isolement est un problème auquel font face les aînés, notamment ceux qui sont en résidence ou dans les centres de soins de longue durée. Cutii, le robot souriant à cou rétractable, arrive à la rescousse pour briser cet isolement.

Créé en France par la firme lilloise CareClever, Cutii est désormais distribué exclusivement au Canada par l’entreprise Alaviva, de Québec. Ce robot d’assistance sociale se distingue des robots de téléprésence, comme les tablettes numériques sur roues qui permettent des visites virtuelles d’événements ou de lieux.

Il est rechargeable et il communique par vidéo. Il peut contrôler et patrouiller à distance, ainsi que faire des activités en direct avec son propriétaire, comme de la gymnastique adaptée, des sessions d’automassage supervisées par un animateur ou de la stimulation par la musique. Il fait aussi les rappels de médication et un petit coucou le matin.

Les correspondants et les personnes responsables du bien-être de l’aîné, quant à eux, peuvent télécharger les applications de gestion et de communication qui fonctionnent sur des ordinateurs, des tablettes ou des téléphones portables. Avec cette plateforme, la communication par vidéo ou l’envoi de messages ou de photos se fait facilement.

Mobile et immersif

Cutii peut se déplacer et être contrôlé à distance afin de soutenir et d’assurer la sécurité de son propriétaire. Contrôlé à partir de l’écran tactile ou par commande vocale, il peut même danser dans une salle commune.

«Il est parfait pour établir des liens sociaux à distance, pour faire des rencontres familiales quand c’est impossible d’être sur place, comme présenter son petit-fils ou son arrière-petit-fils», soutient Andrée Pelletier, présidente d’Alaviva.

«Que l’on soit à Montréal et que l’aîné soit ici à Québec. Ou pour la belle-sœur qui est à Paris ou si on fait un voyage aux États-Unis, Cutii est disponible.»

Il permet notamment de connecter les aînés avec des personnes qui ont des choses à partager: des artistes, des guides, etc. Selon la présidente d’Alaviva, il favorise la stimulation intellectuelle, physique et sociale et donne accès direct au milieu culturel, comme le théâtre.

Éventuellement, une fonction SOS sera intégrée dans Cutii, tant du côté du propriétaire que de la personne responsable de l’aîné, afin de pouvoir alerter une personne près de ce dernier ou les services d’urgence. Une fonction qui sera activée sous peu, assure Mme Pelletier.

Le pouvoir d’immersion avec Cutii est stupéfiant et Mme Pelletier a une anecdote savoureuse qui le confirme. «J’ai pu constater le potentiel, notamment auprès de mon père qui avait vécu une activité animée par une guide du Musée Colby-Curtis [à Stanstead] avec le robot et qui en parlait comme s’il avait véritablement fait le voyage en Estrie», raconte la PDG.

«Comme tout était fermé en raison de la pandémie, ma mère n’y comprenait rien! “Comment ton père peut faire un voyage, dans son état et comme tout est fermé?” avait-elle dit.»

Mme Pelletier ajoute que le potentiel du robot va bien au-delà de cette simple anecdote puisqu’il permet de faire de la télésanté et de la téléréadaptation ou même d’établir un rendez-vous avec un notaire.Cutii peut afficher des modules de jeux, de détente par la musique ou des séances supervisées d’automassage, au simple toucher du doigt ou par commande vocale.

Cutii peut afficher des modules de jeux, de détente par la musique ou des séances supervisées d’automassage, au simple toucher du doigt ou par commande vocale.

LE SOLEIL, ERICK LABBÉ

«Pas pour juste développer une “bébelle”»

Les premiers contacts d’Alaviva avec CareClever et son fondateur Antoine Bataille remontent à janvier 2021, lors du salon technologique CES de Las Vegas.

«On est très proches de la recherche et du développement avec CareClever. C’est ce qu’on apprécie avec eux, car ils ont une approche humaine dans la conception de Cutii. Ils ne cherchent pas uniquement à développer une “bébelle”…» déclare Mme Pelletier.

L’achat d’un robot Cutii coûte 9500 $. «Mais on songe à implanter aussi un modèle d’affaires en location, aussi», ajoute la présidente. Et la pénurie de microprocesseurs n’est pas un enjeu, selon elle. «Nous ne sommes pas une phase de commercialisation de masse. Cutii sera implanté progressivement.»

Mme Pelletier prévoit faire une tournée estivale avec Cutii, partout au Québec, dans des résidences et le milieu de la santé. «Il reste toujours de la place», lance-t-elle. Elle invite les résidences pour aînés, les CHSLD ou les organisations communautaires intéressés à la contacter.

Par ailleurs, Alaviva, qui fait du soutien aux aînés depuis 2015, participera à un cocktail-bénéfice de la Fondation pour les aînés et l’innovation sociale (FAIS), nommé FAIS un tour pour nos aînés, le 9 juin chez Centre Porsche Québec.

Problème criant

Le problème de l’isolement des aînés sera de plus en plus criant durant les années et les décennies à venir. Au Canada, en 1971, pour chaque retraité, il y avait 6,6 personnes actives. Ce ratio est passé à 4,2 en 2012. À l’échelle du Québec, Statistique Canada a révisé ce nombre à quatre personnes actives pour chaque personne inactive de 65 ans et plus en 2017. En 2036, l’agence fédérale estime à 1,8 personne active pour chaque Québécois inactif âgé de 65 ans et plus.Rechargeable, Cutii peut se déplacer en roulant sur différentes surfaces. Son cou peut s’étirer sur demande.

Rechargeable, Cutii peut se déplacer en roulant sur différentes surfaces. Son cou peut s’étirer sur demande.

LE SOLEIL, ERICK LABBÉ

source : lesoleil.com

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