Près de 20 ans après l’implantation de l’alerte Amber au Québec, le gouvernement Legault doit annoncer bientôt le déploiement d’une alerte Silver, qui servira précisément dans les cas de disparition d’aînés, a appris Radio-Canada.
Selon nos informations, Québec veut rapidement mettre en place des projets pilotes d’alerte Silver dans trois régions de la province.
Faisant référence aux cheveux gris des personnes âgées, l’alerte Silver existe déjà ailleurs au pays, notamment au Manitoba et en Alberta. Elle est aussi en vigueur dans quelques dizaines d’États américains.
Bien qu’elle soit appliquée de manière différente d’un endroit à l’autre, l’alerte Silver mise sur une diffusion rapide et massive de l’information lorsque survient une disparition d’aîné aux prises avec d’importants troubles neurocognitifs.
La population est alors plus aux aguets, comme c’est le cas avec l’alerte Amber, qui existe au Québec depuis 2003 et qui est déclenchée lorsqu’un enfant est enlevé et qu’on craint pour sa sécurité.
L’alerte Amber existe depuis 2003 au Québec
PHOTO : RADIO-CANADA
Tout comme pour l’alerte Amber, l’implication des corps policiers et leur collaboration sont généralement centrales dans la mise en place d’une alerte Silver.
La mise en place des projets pilotes pour le Québec doit faire l’objet d’une conférence de presse d’ici la mi-juin, selon nos informations.
La Sûreté du Québec (SQ) doit y participer en compagnie de la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais.
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La SQ était opposée à l’alerte Silver
L’alerte Silver n’a pas toujours été une pratique souhaitée par la Sûreté du Québec. Radio-Canada a retracé un document de 2017 dans lequel la direction des enquêtes criminelles de la SQ ne recommandait pas la mise en place d’un tel système.
La SQ craignait qu’environ 800 disparitions d’aînés correspondent aux critères pour déclencher une alerte Silver chaque année au Québec, ce qui correspondrait à une moyenne de 15 alertes par semaine.
Une diffusion récurrente d’alertes Silver risquerait de désensibiliser la population à ce type d’événement, réduisant ainsi l’efficacité de l’alerte Amber
, peut-on lire dans le document.
« De plus, la présence d’alertes Silver risquerait de créer une confusion au sein de la population et ainsi dénaturer la mission initiale de l’alerte Amber, soit de retenir exceptionnellement l’attention du public afin de mobiliser la recherche d’un enfant enlevé où un risque pour sa vie est imminent »— Une citation de Extrait de la note explicative de la SQ
La direction des enquêtes criminelles ajoutait aussi que l’alerte Silver n’était peut-être pas nécessaire puisque les méthodes d’enquêtes et de médiatisation actuelles des disparitions s’avèrent efficaces
.
La très grande majorité des personnes disparues, potentiellement visées par une alerte Silver, sont retrouvées rapidement saines et sauves
, est-il écrit dans la note explicative de la SQ.
Des balises claires
L’ex-directeur adjoint de la SQ, Marcel Savard, affirme que ces craintes seront facilement apaisées si l’alerte Silver est balisée de manière très claire.
On ne veut pas saturer la population. Est-ce qu’on va crier au loup beaucoup trop souvent et, finalement, plus personne ne va porter attention à ce type d’alerte?
illustre M. Savard.
« Il faut vraiment circonscrire les critères de déclenchement, les personnes autorisées à déclencher [l’alerte Silver] dans des cas très particuliers et aussi, comme Amber le fait, on peut circonscrire le secteur dans lequel on va déclencher. »— Une citation de Marcel Savard, ex-directeur général adjoint de la Sûreté du Québec
Marcel Savard, ex-directeur général adjoint de la Sûreté du Québec
PHOTO : RADIO-CANADA
Selon M. Savard, l’alerte Silver ne sera pas une panacée
, mais bien un outil supplémentaire
dans un contexte où la population du Québec est vieillissante.
Un nombre grandissant de personnes sont donc aux prises avec des problématiques telles que la démence ou la maladie d’Alzheimer et il importe de devenir plus efficaces
pour agir lorsqu’elles sont portées disparues, indique M. Savard.
On a des personnes qui sont très mobiles encore, qui ont encore accès à un véhicule et leur situation va faire qu’ils vont s’éloigner de plus en plus
, explique-t-il.
source : radio-canada.ca