Analyse de la Stratégie nationale sur le logement au Canada (2017)

Par Nicole Laveau, membre de l’AQDR Québec et du comité Enjeux stratégiques de l’AQDR nationale

C’est le 22 novembre 2017 que s’est fait le lancement de la Stratégie nationale sur le logement du Canada par le ministre Jean-Yves Duclos. Cette stratégie était attendue par la population depuis très longtemps. On se rappelle que le gouvernement fédéral précédent avait aboli tout investissement touchant les logements sociaux et communautaires.

D’abord, examinons quelques chiffres de la Stratégie nationale:

  • 40 milliards $ répartis sur quelques programmes définis, sur une période de 10 ans;
  • 385 000 ménages protégés contre la perte d’un logement abordable;
  • 300 000 logements seront réparés ou renouvelés;
  • Bâtir jusqu’à 100 000 logements neufs;
  • Et bien d’autres.

 Tous les détails au lien web suivant :                                              

https://www.chezsoidabord.ca/pdfs/Canada-National-Housing-Strategy-fr.pdf

Ces sommes d’argent semblent astronomiques au premier coup d’œil. Mais si on fait l’exercice de répartir les 40 milliards $ sur 10 ans, cela représente 4 milliards en moyenne par année. Et par la suite, ventiler le tout à travers les dix provinces et les deux territoires proportionnellement à la population. Idem pour les autres chiffres.

Par exemple, le Québec représente environ 23% de la population canadienne, donc, cela pourra nous apporter un peu moins de 1 milliard $, qui sera ventilé par la suite parmi plus de 1000 villes et villages. Cela, à la condition que le Gouvernement du Québec accepte et négocie une entente avec le gouvernement fédéral.

Je suis très déçue que l’entente avec le Gouvernement du Québec ne soit pas déjà réalisée, préalablement au lancement de la Stratégie nationale. Il faudra attendre des mois interminables pour la poursuite des négociations, sachant que le Québec aura des élections en octobre prochain et le gouvernement fédéral en 2019.

 Le but premier de cette stratégie est «qu’un plus grand nombre de Canadiens aient un chez-soi d’abord».

Il est reconnu dans la Stratégie que «les Canadiens ont droit à un logement sûr et abordable». Quels sont les moyens envisagés par le gouvernement?

  • Nommer un «défenseur fédéral du logement qui se penchera sur les obstacles systémiques» qui recommandera des solutions à la Société canadienne d’hypothèques et de logement et au ministre responsable;
  • Nommer un «nouveau conseil national du logement à la composition variée» qui fournira une rétroaction régulière à la SCHL et au ministre responsable;
  • «Une nouvelle Initiative d’aide communautaire aux locataires» qui fournira des fonds aux organismes locaux qui aident les personnes éprouvant des besoins de logement;
  • «Une nouvelle campagne de sensibilisation du public».

Le Gouvernement fédéral prend un engagement renouvelé par l’entremise du Fonds national de co-investissement pour le logement pour qu’il soit :

  • abordable, écologique et accessible.

Il a également l’intention de «maintenir un secteur du logement communautaire résilient», soit abordable, et en bon état pour de nombreuses années à venir.

«Une nouvelle allocation canadienne pour le logement» est incluse dans la Stratégie pour une valeur moyenne de 2 500 $ par année, mais disponible en 2020, soit environ 200 $ par mois.

Deuxième déception. Les personnes ayant un faible revenu doivent attendre encore au moins deux années avant de le recevoir éventuellement. D’ailleurs, il existe déjà, au Québec, une telle allocation mensuelle, d’une valeur maximale de 80 $, hélas! trop peu connue. Qu’adviendra-t-il de l’allocation mensuelle du Québec? Je doute que des Québécois puissent recevoir les deux allocations.

La Stratégie souhaite laisser les collectivités diriger et mettre fin à l’itinérance, où une somme de 2,2 milliards $ est prévue à partir du 1er avril 2019. Le Gouvernement fédéral a aussi une préoccupation pour les anciens combattants au Canada.

La Stratégie fera une «analyse comparative entre les sexes». Les données actuelles démontrent que «les femmes âgées vivant seules et les aînés à faible revenu sont les plus touchés par les besoins impérieux en matière de logement.» Et il est déjà démontré, et connu, que la population sera de plus en plus vieillissante dans les prochaines décennies. «L’accès à un logement abordable et approprié pose des défis particuliers pour les personnes handicapées». «Le gouvernement fédéral prévoit faire avancer une approche intégrée de l’égalité des sexes dans la Stratégie nationale sur le logement par plusieurs moyens.»

En bref, les intentions et les attentes sont ambitieuses. Le facteur temporel est l’inconnu dans l’équation et décevra certainement plusieurs Canadiens et Canadiennes.

AQDR